Amar
Amar derrière le bar du Saint-Nic rue Jean-Jacques
nous a toutes et tous entendu
Lire nos poèmes lors des scènes ouvertes
Édition, bourse, manuscrit, lecture-performance, lectorat, n’existaient pas dans nos avenirs
Ces mots n’avaient pas été conçus alors on s’organisait
Faisant les choses comme on pouvait
Avec qui on voulait
Les flyers étaient soigneusement déposés dans les meilleures boulangeries et on s’essayait à Facebook.
On écrivait, on déclamait
On s’écoutait, on applaudissait
Il y avait tous les âges et toutes les écritures
On se donnait de la force même si c’était nul
On disait parfois bof parce que c’était bof
On admirait quand c’était génial, parfois avec une pointe de jalousie alors qu’il ou elle venait de plier la salle. Le premier réflexe était de vite rentrer chez soi pour écrire un nouveau texte pour la scène du mois prochain.
Toute mauvaise énergie, toute mauvaise intention de la part d’un client bruyant arrivé là par hasard qui, découvrant nos soirées, s’opposait en commentant à voix haute nos prestations, était rapidement envahi par un fumet d’ondes positives qui lui faisait fermer sa gueule dans les dix minutes. C’était beau, puissant et sans heurt.
La scène finie, la clientèle partie, certaines soirées se terminaient tard dans la nuit, derrière le rideau baissé, la municipale passant tout près, on continuait en cercle, certains au beatbox, d’autres au chant, on se taxait des roulées en disant à l’autre qu’on l’aimait.
Montréal ichtyoïde
Ses cheveux longs le gouvernent et agissent
Comme une nageoire caudale entre les buildings de Montréal
Son vernis à ongles, on voit comme cinq phares au bout de chaque main
Je le suis puis le perds au coin du dépanneur
Je ne sais pas qui tu es Tout est neuf
L’exotique se multiplie au familier
Tellement humain qu’on ne sait plus
Les silhouettes sont de dos
On se sent comme le dernier
Arrivé comme touriste, reparti comme nouveau.
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E.C. avril 2023
ACTUALITÉ POÉSIE
09 & 11.03.2023 PÉRIGUEUX | Festival Expoésie 2023 | Lecture-concert « Poésie & Batterie » Emanuel Campo et Eric Pifeteau | Infos
22.03.2023 GENÈVE | Salon international du livre | Rencontre et discussion. Infos
24.03.2023 ANTIBES | Médiathèque Albert Camus | Lecture-concert « Poésie & Batterie » Emanuel Campo et Eric Pifeteau | Infos
25.03.2023 MARSEILLE | CiPM | rencontre éditions la Boucherie littéraire | Lecture-concert « Poésie & Batterie » Emanuel Campo et Eric Pifeteau | Infos. En présence de Antoine Gallardo, Pauline Catherinot et Cédric Lerible.
Le livre entrouvert forme une bouche
le livre entrouvert forme une bouche
l’image est là, les sons eux
n’arrivent pas, les mots sont lestés
à l’intérieur un poids
prend son temps et s’ancre
on ne reçoit qu’une grimace
et l’autre, toujours l’autre,
l’autre livre qui ne s’écrit pas.
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E.C.
Gustave Junior n°4
La première neige de novembre
Manquer la première neige de novembre
Ne plus jamais vivre la
première neige de novembre
On observe les photos
avec lenteur sur l’écran
Elle est tombée
la première neige de novembre
On sent alors
le poids d’un sac
rempli de notre propre voyage
prendre forme dans notre dos
et passer lui-même ses anses à nos bras
En laissant faire
l’instant s’alourdit
L’endroit où l’on va
distance avec vitesse
l’endroit d’où l’on vient
en un long raclement
long raclement
On force au quotidien le regard et l’oreille
vers la moindre miette d’origine contenue dans l’espace
On écoute de l’indie pop
où les notes sont des sapins
où la chanteuse habite une maison rouge
où les roulements de batterie indiquent un lieu familier
On mange des similis pâtisseries achetées à l’épicerie du coin,
on cuisine des semblants de spécialités avec des ingrédients d’appoint,
on cherche des cours de langue dans sa ville,
on adhère à une association pour rencontrer des compatriotes…
Habiter loin
Manquer la première neige de novembre
Ne plus jamais vivre la
première neige de novembre
tombée durant la nuit
découverte au réveil
Se revoir finir son petit-déj’ avec impatience
être le premier à marcher dessus
sortir son visage de la capuche
inspirer un grand coup
happer au passage un flocon imprudent
aller à l’école à la nuit tombée du matin
longer les bâtiments
plonger dans les fenêtres illuminées
marcher avec attention pour ne pas glisser
Réanimer les souvenirs et s’irradier à distance
lorsque s’affiche sur l’écran la photo reçue ce matin
celle de la première neige de novembre
Encore une année où l’on a manqué
La première neige de novembre
La première neige de novembre
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Emanuel Campo, Lyon le 22/11/2022
18 Novembre 2022 Lecture à Lyon 5
Les éditions la Boucherie littéraire invitée par la librairie l’Esperluette
19h30 au Cercle Saint-Irénée, 32 rue des anges, Lyon 5.
En présence de l’éditeur Antoine Gallardo
Avec des lectures de Pauline Catherinot, Emanuel Campo, Patrick Dubost et Armand le Poète
Infos sur le site de la librairie l’Esperluette
Interview Radio Micheline (Montélimar)
C’était le vendredi 14 octobre 2022.
45 minutes de conversation sur les ondes de Radio Micheline dans le cadre de mon invitation aux Cafés Littéraires de Montélimar. On parle de Ligne de Défense (éd. La Boucherie littéraire), écriture, parcours, musique… Musique diffusée : « Flashmob » et « Vivant » de PapierBruit.
Cafés littéraires de Montélimar

C’était samedi 15 octobre 2022 lors des Cafés Littéraires de Montélimar sur la scène du conservatoire. Merci à Julien d’Abrigeon pour son invitation à sa carte blanche poésie-performance. Une salle pleine. Une écoute de qualité. Merci aussi à l’équipe et aux bénévoles des Cafés Littéraires. Informations sur la soirée sur le site des Cafés Littéraires
21 phrases
6 phrases suivies d’un mot
Chronique Ligne de Défense
Dix-huit poèmes, la plupart courts : Emanuel Campo préfère la concision pour livrer ce petit précis d’autodéfense intellectuelle, cet appel à la résistance par la poésie. « On entre dans la vie sans même connaître le videur », écrit-il, avant de conclure dans le texte éponyme du recueil : « Un doigt d’honneur pour seule ligne de défense. » Se défendre de quoi ? De l’absurdité administrative qui délivre des papiers inutiles sans donner la priorité au guichet aux femmes enceintes, des « paroles mortes » des journaux télévisés, des statistiques omniprésentes selon lesquelles le poète a « plus de chance / de [se] faire tuer par un proche / de battre [sa] copine à mort / de mourir heurté par une noix de coco ayant chu / que de [se] faire exécuter dans une vidéo relayée par les médias ». Campo fait partie de ce courant de la poésie qui propose une critique frontale de la société, dans une langue fortement oralisée qui appelle à la performance. Il mêle l’invective au romantisme, caresse le registre familier pour en extraire l’efficacité. Car il sait « qu’un jour / tout le poids des fermetures agglutinées en soi / fait qu’ça pète ». Pourtant, il est nécessaire de « ne pas céder, ne pas céder, ne pas céder ». Il fait donc son maximum pour « viser juste, sans la loupe de l’émotion », à coups de strophes qu’il décoche avec parcimonie, après le temps de la réflexion. La parole qu’il porte n’en pèse que plus. Tandis que « le prix de la baguette / continue son ascension de la tour Eiffel », il versifie pour témoigner. Certes, dans le milieu de la poésie (entre autres), poètes, lecteurs et lectrices confondues, « on est entre nous », rappelle-t-il. Et alors ? Il faudra bien qu’un jour ça change ; Campo y œuvre aussi en s’impliquant dans le spectacle vivant (quatre textes sont tirés d’un spectacle qu’il a joué avec Paul Wamo). On pourrait dire que la meilleure ligne de défense, c’est l’attaque poétique. Pour faire moins guerrier : le foisonnement poétique saura un jour passionner les foules. De petits livres comme celui-ci, faciles à transporter, à offrir, auront un rôle à jouer.
Ligne de Défense est actuellement dans la sélection 2022 du Prix René Leynaud. En savoir plus.
Retour sur cette saison 2021-2022

Cette saison 2021-2022 fut dense ! J’ai eu plaisir à travailler avec de nombreux collègues artistes cette année. Un grand merci à eux ! Je tiens aussi à remercier tous les partenaires de création et de diffusion que j’ai pu rencontrer, qui soutiennent et programment nos projets.
La saison a commencé par la parution en octobre d’un nouveau recueil, Ligne de défense, avec les éditions la Boucherie littéraire. Ouvrage actuellement en lice pour le prix René Leynaud 2022.
Puis, la sortie de Pléthore, EP 6 titres de PapierBruit (duo que je forme avec l’auteur-beatmaker-interprète Julien Liard) après trois ans de travail. S’en est suivi des concerts au Ninkasi Saint-Paul (69), aux Abattoirs (38) et au Darius Club (39).
Soulignons aussi la naissance d’un duo avec le batteur Eric Pifeteau sous l’initiative de la Maison de la poésie de Nantes pour le festival MidiMinuitPoésie. Une merveilleuse idée qui nous a amené à lire et à jouer pour l’inauguration de la Maison de la poésie de Bordeaux et pour le festival Les Eauditives à Toulon.
Deux projets participatifs d’envergure ont aussi été menés durant toute l’année avec la metteuse en scène Marion Chobert. Projets qui ont abouti à l’impression de deux recueils co-écrits avec des adolescents. Le premier Pas là pour fondre avec la Compagnie Esquimots à la Maison d‘arrêt de Dijon. Le deuxième Trouver ses mots avec la Minoterie auprès de jeunes suivis par quatre structures dijonnaises de soin, d’éducation et d’accompagnement. Les textes des jeunes écrits pour ce livre ont aussi abouti à un spectacle et à un podcast créé par le compositeur Vendôme Uhl.
Lors d’une résidence en janvier à la Factorie – Maison de la Poésie de Normandie – j’ai pu reprendre mon travail d’écriture sur mes recueils en cours.
J’ai pu lire mes textes dans des villes jamais visitées comme Tournai en Belgique lors du Festival Poésie Moteur, ainsi qu’à Montélimar (26) invité par les Cafés Littéraires.
Ce fut aussi une réelle joie pour moi de voir tourner pour sa deuxième saison le spectacle La Compétition de la Compagnie Esquimots, pièce co-écrite avec Marion Chobert, et de partager des moments précieux avec l’équipe.
Enfin, j’ai clôturé la saison la semaine dernière avec l’artiste Charlotte Mollet lors d’une résidence commune aux Fours à Chaux à Regnéville-sur-Mer (50). Nous travaillons actuellement à la création d’un recueil Textes & Linogravures et venons de finaliser un chemin de fer qui n’attend qu’à être présenté à des éditeurs et à des futurs partenaires.
Pour finir, je tiens à remercier le bureau et les adhérents de la compagnie Étrange Playground qui accompagnent, soutiennent et suivent tous mes projets artistiques.
Bel été à vous,
Emanuel
Gare Maritime 2022
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une critique de « FAUT BIEN MANGER »



« Emanuel Campo (avec un seul m, s’il vous plaît) fait partie de ces auteurs qui œuvrent dans l’ombre, publient leurs textes minimalistes chez des petites maisons (dont cette vénérable Boucherie littéraire) sans bruit et sans esbroufe, mais dont les textes restent durablement en tête. Faut bien manger rassemble des poèmes un peu déprimés, un peu rock’n roll, un peu drôles, un peu tristes, et il ne jongle pas avec la langue française ou de rivalise pas d’érudition. Aucune chance de le voir dans un futur Lagarde et Michard sur les trésors de la sémantique française. Mais ces petites pièces, peut-être lointainement héritées après tout d’un Ponge (Carver est cité comme modèle, et c’est vrai qu’il y a la même attention minutieuse aux détails de l’existence), mais d’un Ponge qui aurait goûté aux vicissitudes du monde moderne, déploie une poésie directe qui touche bien là où il faut. Chronique du travail, avec ces réunions d’entreprises infernales ou ces « afterworks » pourris, chronique d’une solitude dans une grande ville moderne, chronique d’un mec qui tente malgré tout d’écrire quelque chose et se trouve d’autant plus exclu du système qu’il fait de la poésie contemporaine, c’est tout ça à la fois, plus la confession d’un homme déclassé, abattu par la trivialité du monde. Une sorte de poésie du quotidien, qui peut prendre aussi bien la forme d’une pensée le temps d’une mixtion (agrémentée peut-être d’onanisme), d’un achat à la boulangerie (le texte le plus marrant), d’un repas à la cantine ou d’une soirée poésie en compagnie de ses collègues auteurs : à chaque fois, ça percute ; le rythme, rapide et scandé, prend peu à peu des allures de slam, de morceau qu’on imaginerait bien mis en musique ; les mots, répétitifs, choisis la plupart du temps dans le registre le plus trivial qui soit, se changent en or. On aime ces pages qui ressemblent à des discours directs pour relever l’étrangeté ou le ridicule d’une situation, comme ce poème, « C’est bon », disposé en trois colonnes pour pointer la répétition idiote des mêmes formules de professionnel, ou ces dialogues sans sens avec un chauffeur de bus, un ami fasciné par le « métier » de poète ou une boulangère effarée. Campo a la politesse du rire, et pour cacher son profond désarroi presque métaphysique par rapport à sa vie et aux choix impossibles qu’il doit faire pour la vivre, il préfère fabriquer de petites pièces drôles et absurdes plutôt que de balancer les grandes orgues. C’est tout à son honneur et ça permet à ce joli recueil de toucher simplement le cœur. »
Sélection du Prix René Leynaud 2022
Mon nouveau recueil Ligne de défense paru en octobre 2021 aux éditions la Boucherie littéraire figure dans la sélection 2022 du Prix René Leynaud. Rendez-vous en novembre 2022 pour l’annonce du résultat.
Je tiens à remercier Antoine Gallardo des éditions la Boucherie littéraire d’avoir édité ce livre.
- En savoir plus sur le Prix René Leynaud > ici
- Ligne de défense sur le site des éditions la Boucherie littéraire > ici
- Commander Ligne de défense en région Auvergne-Rhône-Alpes > Réseau Chez mon libraire
- Commander Ligne de défense ailleurs en France > Place des libraires
Lecture-concert au Festival Les Eauditives (Toulon)
Eric Pifeteau et moi jouerons notre lecture-concert à Toulon le vendredi 27 mai dans le cadre du Festival Les Eauditives organisé par les éditions Plaine Page.
Vendredi 27.05 – 18h – Médiathèque Chalucet
5 rue Chalucet, Toulon
entrée libre
Contact : 04 94 72 54 81 – contact@plainepage.com
Programme complet sur le site des éditions Plaine Page www.plainepage.com
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Emanuel Campo & Éric Pifeteau
lecture-concert Poésie & Batterie
Emanuel Campo est poète et auteur-interprète. Éric Pifeteau est batteur.
Le duo nait en octobre 2021 sous l’initiative de la Maison de la Poésie de Nantes pour son festival MidiMinuitPoésie au Lieu Unique. Ce qui devait être un one-shot est aujourd’hui un nouveau projet en diffusion.
Éric Pifeteau joue et signe la musique en collaboration avec Gérald Ponchon. Emanuel Campo déclame ses textes issus de ses recueils publiés aux éditions la Boucherie Littéraire et aux éditions Gros Textes. Durée actuelle de la lecture-concert : 25 minutes.
🛠 Dossier de présentation et fiche technique sur demande
📞 Contact
Compagnie Étrange Playground – etrangeplayground@gmail.com
REPRÉSENTATIONS 2021-2022
16.10.21 NANTES | Festival MidiMinuitPoésie, Maison de la poésie de Nantes
08.04.22 BORDEAUX | Escale du livre, Inauguration de la Maison de la poésie de Bordeaux
27.05.22 TOULON | Festival Les Eauditives
Terriblement Vivants – résidence






Notre projet de livre s’intitule TERRIBLEMENT VIVANTS. Il mêle linogravures de Charlotte montrant des scènes de cafés et de terrasses, avec des textes et poèmes écrits en regard.