« Il s’y passe des choses derrière le périph’ de ma peau », un texte confié à la cie Kat’chaça

1410856_724352264301886_718132913902563202_o

Courant 2014, la compagnie Kat’chaça (avec laquelle j’ai été en résidence en février au Creusot), crée « Cabines », projet questionnant les frontières. Mêlant danse et arts numériques, la création se base sur les témoignages des habitants des territoires qui accueillent le projet. Je remercie Natacha Paquignon, chorégraphe de la compagnie, à qui j’ai confié un court texte qu’elle a choisi d’intégrer à la pièce. Explication en vidéo :

CABINES from Pas sage d’images on Vimeo.

En 2010, j’écris le texte en question :

Je sens ma langue me quitter. Elle part au son des années, au son de l’accent. J’enfile son plus beau costume mais les manches sont trop courtes. Je sens ma langue me quitter car ma langue se voit refuser l’accès à l’espace public. La Nation a déjà sa langue voyez-vous ; on n’a pas besoin de la vôtre ; et puis tous nos documents administratifs sont déjà imprimés alors.

J’avais des chansons de petit garçon qui racontaient des histoires d’araignée qui grimpait le long d’un fil. Il y avait ce bébé mouton qui chantait une comptine. Et l’écureuil qui était posé tranquille en haut de son sapin. Il n’avait rien demandé à personne. Il était dans l’Europe t’as vu. Juste tranquille là pépère sur son squat et là d’un coup son identité d’écureuil a été remise en cause. C’est bien de langue dont il s’agit. Pourtant je suis square autant que lui cravate, rébus autant que lui élu, parti autant que lui demeuré, conteur autant que d’autres cons.

j’oublie / me répands / j’oublie

à force de me faire passer dessus par les trains

à force de chiquer l’horizon

à force de passer ma langue sur les gencives j’oublie ma langue

à force je me banalise paraît-il

Alors je m’invente 1 nouvelle langue, 1 langue étrangèrement materno-personelle à coup de « DAMN ! » de bégaiement, de lapsus, de didascalies dyslexiques, afin que l’on me remarque, que l’on me surveille et quoi d’autre encore ? Étrange. J’oublie peu à peu ma langue (Ad lib.). Surtout ne m’aidez pas mais prêtez-y quand même attention au cas où. Ça pourrait péter là-dedans. Ça pourrait être vu à la télé. Il s’y passe des choses derrière le périph’ de ma peau.

 

Actualité de la compagnie Kat’chaça : la création partagée. Plus d’info ici.

Les compagnies Kat’chaça et Tenseï à la Biennale OFF de la danse 2014

 

Samedi 13 septembre à 14h à Lyon sur le parvis René Descartes à l’ENS (dans le 7e, dans le cadre de la Biennale de la danse OFF au Croiseur) la compagnie Kat’chaça présente la première de « Cabines » création dont j’ai vécu les prémices lors de notre résidence commune en février 2014 au Creusot (organisée par les Initi’arts). Vous y entendrez notamment un poème que j’ai écrit et confié à Natacha Paquignon, chorégraphe du projet.

Autre date : 8 octobre à 20h30 au Toï Toï à Villeurbanne.

+

Toujours dans le cadre de la Biennale Off, ne manquez pas non plus « Pres’K » par la compagnie Tenseï. J’ai eu la chance cette année de créer avec le chorégraphe de cette compagnie, Rafael Smadja, une forme courte mise en scène par Eric Massé à Ferney-Voltaire (Quelques photos ici). Rafael est danseur et chorégraphe. Il a souvent de bonnes intuitions dans le travail. J’ai été séduit par son enthousiasme dans la recherche à l’endroit du plateau. Il me semble que l’interdisciplinarité motive son travail. Chaque création est prétexte à progresser. Un jeune artiste en mouvement et intègre, dans le corps et dans la tête. Le vendredi 19 septembre, j’irai découvrir son spectacle « Pres’K » qu’il jouera avec son équipe à 20h30 au Croiseur à Lyon.