Tom attend

Tom attend. Pourtant le monde presse. Il faut faire vite. Comme un miroir.

Tom attend que le régisseur l’appelle. C’est bientôt l’heure des balances.

Tom attend, attentif

dans les loges. Les murs sont pleins de stickers.

Tom attend. Un seul chiotte pour deux loges. Les premiers musiciens sont déjà passés par là. Tom essuie la lunette avant de s’asseoir dessus.

Tom attend. Comme des lunettes de soleil dans leur housse. Tout lui passe à trav’ mais Tom

est un peu chafouin cet après-midi. Il n’est pas chaud pour remplir sa fiche SACEM.

Tom attend le bon soir avant de jouer un titre inédit sur scène. Bientôt la fin de la tournée. Cinq nouvelles chansons attendent. Le public aussi les attend. Tom sors des toilettes.

Sur la table basse de la loge, un exemplaire du Figaro se répand. Lascif, le Figaro enjambe discrètement le journal musical local. Tom pense que le Figaro veut se frotter au journal musical local. Tom pense que le Figaro est un frotteur.

Les nouvelles du monde tapent du poing à l’intérieur du Figa’ mais Tom est en tournée. Il plane en tour-bus au-dessus du territoire de son pays. Tom se demande quand même si le journal musical local a bien publié l’annonce du concert de ce soir.

Cette année ya moins de budget. Le tour manager est en contrat aidé. Certains jours les oiseaux volent aussi. En triangle. Ils escortent Tom-le-planeur qui, assis dans une loge devant deux journaux qui s’enfilent, attend que le régisseur l’appelle pour les balances. Tom attend. Tout cela est d’une inutilité sans frontière. Il se dit qu’il sera inutile de se remémorer ce moment. Ce moment où Tom, attend. Peut-être une prochaine chanson. Ce soir, le monde est dans les mains du public. Comme toujours. Les chanteurs ne sont que des chanteurs. Les chansons à trois accords ont toutes déjà été composées. Vérité compte triple. Tom attend. Tom attend. Tom waits.

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