Benoît Jeantet – Et alors tout s’est mis à marcher en crabe

P1080275 Nouvel ouvrage publié aux éditions Le pédalo ivre dont la collection « poésie » joue un rôle de « Pascal le grand frère » pour bon nombre de lecteurs. Aujourd’hui, dingue ! Le recueil de proses Et alors tout s’est mis à marcher en crabe de Benoît Jeantet. Rare que la première page d’un livre me rentre dedans de la sorte :

« Cette gare est une plaine. Une plaine de visages maigres et de rêves qui empestent la vieille pisse. Des rêves tristes et sombres. Des rêves aux amours jaunes. Des rêves assoupis sous la poussière de la ville. La ville est rousse. Rousse et pelée comme une chienne. Une chienne inutile et malade. J’ai aimé cette ville. Si vous saviez comme j’ai aimé m’endormir dans les bras pleins d’histoires de cette ville. J’ai aimé cette gare. Oh, à un point que… Et puis il a fallu que ça arrive ; que ça nous arrive. »

Plus loin :
« Il me semble que les yeux ne suffisent plus, de nos jours, à séduire les filles. Il y a pourtant des tas de saules tortueux, et même des tas de branches lambda qui rêvent encore de remettre les pendus à l’heure. »

Ici :
« L’anxiété, l’alcoolisme, la paranoïa ne sont que des symptômes. Le mal dont souffre ce matin est bien plus profond en vérité. Ce matin voudrait qu’on s’occupe de lui. Qu’on fasse attention à ses frasques d’ado attardé. Voilà encore un matin qui a besoin d’amour. »

Là-bas mais pas tout à fait à la fin :
« C’est durant un face à face assez insoutenable avec un kilo de carottes en colères que je me suis fais cette réflexion. Cette réflexion la voici : je n’ai pas toujours été cet homme de 43 ans avec des tas de rêves roulés en boule – tout chiffonnés  au creux des poches. Et voilà pour cette réflexion. »

C’est un livre qu’on s’offre. Pour le commander c’est ici.

 

« d’origine » de Grégoire Damon aux éditions Le pédalo ivre

D’origine, le nouveau livre de Grégoire Damon vient de paraître aux éditions Le pédalo ivre. Plusieurs poèmes m’ont touché. Beaucoup de ses lignes me parlent… J’ai eu du mal à en choisir un extrait sans spoiler. Par exemple, ça, ça me plaît beaucoup :

Un extrait du poème « Awards »

le vide il y en a que ça terrifie
quand ils en trouvent dans le jardin ils le remplissent d’eau et ça fait une piscine
ils invitent les voisins à prendre des photos
pas nous

nous
nous sommes bons
à rien
très bons même
excellents
primés dans tous les festivals
au salon international
de la déprime saisonnière
nous sommes pour la soirée
solaires
habillés maquillés coiffés personnellement
sur tous les tapis rouges par tous les Lagerfeld
car on va nous remettre le prix
cette année encore nous avons été les meilleurs
à que dalle
à rien
[…]

d’origine se commande ici.
Un premier article élogieux sur Poebzine.
Le blog de Grégoire Damon.

ACHETEZ LA POÉSIE DES VIVANTS.

Pour une débénabarisation du quotidien, les origines

Cher visiteur du présent,

Tout d’abord, je te présente un lien http://gregoiredamon.hautetfort.com
Celui du blog de Grégoire Damon, poète born in the 80’s que je croise à L-Town (Lyon). By the way, je te recommande son recueil Mon vrai boulot édité en 2013 par Le Pédalo ivre, maison dont j’apprécie particulièrement certains des ouvrages de la collection « poésie ».

Suite à quelques mails échangés, Grégoire et moi, et à une conversation que nous avons eue le mois dernier, au comptoir du Périscope, au sujet de la nécessité d’intégrer la notion de « mouche-bébé » dans la poésie au/du 21e siècle et de la considérer comme un enjeu poétique majeur, Grégoire m’a invité à compléter une toute nouvelle liste qu’il a nommée « POUR UNE DÉBÉNABARISATION DU QUOTIDIEN ». Parler du quotidien sans faire du Bénabar. Ou de la poésie sociologique.

Cette semaine Grégoire a posté sur son blog une première note qui éclaire sur les origines et les intentions qu’il donne à ce vaste chantier.

Personnellement, je vois dans la « DÉBÉNABARISATION DU QUOTIDIEN », une tentative d’atteindre le dark side of the tartine du p’tit dèj’. Sa face B. Faire avec ce qu’on a de beurre sous l’ongle pour voir plus profond, se donner l’ambition de ses échecs ou bien m’enlever des yeux les putains de lunettes 3D qu’on m’a greffées à la naissance… Le quotidien, ne pas tenter d’en faire l’étude.

Voyons cette liste comme l’amorce d’une discussion en ligne. Tu pourras, cher visiteur, la suivre dans la nouvelle catégorie que j’inaugure à mon tour sur ce blog. Je ne te promets aucune formule, aucune fréquence ou régularité à part celles que la vie nous impose au jour le jour ainsi que celles qu’on arrive à lui arracher de force. Et si ça se trouve ça deviendra tout le contraire de ce qu’on souhaitait en faire. Ma contribution pourrait même s’arrêter ici. On se promet rien, hein, tu l’auras compris. « Et ça ira où ça voudra aller » comme l’écrit Grégoire.

Je t’invite enfin, cher visiteur, à lire les premières propositions dans les prochaines notes.