IRAK
Ce matin
cap sur un nouveau job
de démarchage par téléphone
– j’ai surplombé Topanga Canyon
en bagnole
et les nuages formaient une nappe de coton blanc
contre la chemise de travail bleue poivron du grand Jésus
Comme le brouillard se levait
je me suis éloigné de la côte
et enfoncé dans les collines
J’ai avalé mon café
puis éteint la radio
pour varier les plaisirs
Apparemment
notre inénarrable Georges a décidé que ça commençait à bien faire
et que le moment était venu pour ces mecs coiffés de serpillières
de se muer en une vaste flaque de pétrole unilatéral dans le désert
et moi
toujours fier d’être américain
je me dis
hé tout va bien
J’inspire et j’expire – ici et maintenant
je suis un homme blanc
libre
et j’ai vingt et un ans
c’est ça
et
ma précieuse sécurité nationale est préservée
par un monsieur à la voix douce persuadé que faire cramer
quelques centaines de milliers de bébés
c’est pas cher payé pour un indice de popularité de 58%
ça
On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs – pas vrai ?
Alors merci Georges de Beuliou pour ta vision d’une singulière
radicale
impeccablement inimaginable
stupidité
Et
au fait
quand ton programme chargé
à la Sécurité Nationale tout ça
te laissera une seconde
SUCE-MOI
Dan Fante, Bons baisers de la grosse barmaid, 13e Note éditions, 2009.