« Maison. Poésies domestiques » sur la Cause Littéraire

La Cause littéraire publie sa deuxième note de lecture à propos de mon recueil Maison. Poésies domestiques (éditions la Boucherie Littéraire). Un grand merci à Sanda Voïca (animatrice de la revue Paysages écrits et auteure de Trajectoire déroutée, récemment publié chez Lanskine) pour son regard et son long article fouillé et argumenté. Enfin, merci à l’éditeur Antoine Gallardo pour l’envoi du livre.

Article à lire sur le site de la Cause littéraire, ou ci-dessous.

« Poésies domestiques. Oui – qui tournent autour de la maison. Domptées ? Nous les avons perçues surtout comme des poésies… sauvages. Pas du tout sages et douces : prêtes à nous sauter au visage, au cou. S’attaquer à nous doucement, malgré tout, pour nous faire voir, penser, rire. Nous émoustiller.

Le premier poème, Autopsie, est un Autoportrait en enfant lambda : « […] Il n’y a rien voyez-vous / aucun engagement ni cause défendue / ni proposition / ni même idée du siècle / rien d’extraordinaire / de fantastique / d’excessif / d’agressif ou de gentil / de mafieux ou de câlin / rien non plus d’absent / aucune bêtise / ni carence / insensibilité ou handicap. […] // Votre fils est moyen voilà tout » (p.9). Mais « moyen » ne veut pas dire « médiocre ». Le recueil trace même une trajectoire d’exception. Cette trajectoire est balisée par des souvenirs marquants, comme la découverte, sidérante souvent, du sens de certains mots ou expressions : « Quand j’étais petit, / je croyais que la Bande de Gaza / c’était un groupe de rock » (p.10). Balisée par le souvenir de la douleur et du courage et de la force, depuis l’enfance : « […] un jour je nage jusqu’à la bouée / puis me fais piquer par une méduse / je crie, c’est désagréable, mais / je me débrouille / seul / pour revenir jusqu’à la plage » (p.13). Cet exploit, qui est à la fois un souvenir, semble être ce genre de premier souvenir qui fonde ou détermine une vie. Le poète restera toujours celui qui dépassera seul les douleurs de la vie : un débrouillard de haut niveau ! Et ses plus grands exploits seront ses poèmes. La réussite même, quand celle-ci n’est, en fin de compte, qu’être soi, donc poète : « Ado, / le miroir de la salle de bain / nous prédisait la réussite / alors que dans celui du soir / nous nous consolions de n’être / que nous-même » (p.14).

Par le biais d’un langage brut, direct, proche de la prose et de l’oralité, mais restant très coupant, Emanuel Campo laisse filtrer, comme dans le poème Croissance, un être légèrement amer, voire blasé. L’enfant « moyen » continue de croître et d’apprendre qu’il ne sait rien et que le monde n’est pas toujours beau : « Ma croissance se porte bien / j’apprends tous les jours que j’ignore / et mon existence n’a aucune / incidence sur la rotation / de la planète » (p.15).

L’état du monde, encore une fois, n’est pas drôle à constater et à évoquer, alors la dérision, l’humour compensent et sauvent les jours de congé : « Un jour je me baigne / dans l’eau de mes congés / le mur / de la frontière / un jour je dépasse de loin la bouée / et heurte de la tête un corps sans vie qui flotte // Porté par les vagues, caressé par les lambeaux, je reste calme. / Nous sommes deux à faire la planche. / Lui sur le ventre. Moi sur le dos. / Au roi du silence, je gagne assez facilement » (p.17).

Blasé, désabusé, le poète est en fin de compte un animal domestique. Mais aucune domestication (aucun domptage) n’est complète, définitive, il y a toujours un reste de sauvagerie pour dévier : « Me dis que // l’ordre / – les chiffres bien rangés / l’alphabet tout ça – / a bien des limites // puisque certaines/personnes arrivent/tout de même à/se perdre dans les trains. // Comme quoi / tout a beau être / tracé // on dévie » (p.16).

Et le comble de la déviance est la poésie !

La plupart des poèmes d’Emanuel Campo partent et ensuite renversent, transvasent, transportent les alluvions d’un fleuve (le flux de sa propre vie) et les transforment, jusqu’à l’arrivée dans la mer (l’océan), en mots solides, ceux de sa poésie. Ces alluvions sont formées souvent de ses états d’âme, des observations sur l’état du jour et, nous le disions plus haut, de l’état du monde. Pas de plaintes, mais le fond de ces états, de ses questionnements, qui passent de frivoles à existentiels, pousse à résister. Le poète tient bon, il doit « tenir » : « […] Drôle d’espace-temps. / Quand les potes demandent comment ça va / la bouche répond par une vanne // des portent raclent péniblement dans la tête. // Rêverie décapitée / par les sirènes du premier mercredi du mois / tenir / dans la circulation des mots qu’on étale / sur les tartines des matins rapides » (p.18). Sauvé par les mots, donc. Encore un !

Après la lecture du livre nous sommes revenus sur ces quelques vers, déjà cités auparavant, car ils nous ont paru comme le modus operandi, même lemodus scribendi(la façon de faire, d’écrire) d’Emanuel Campo. Notamment cette capacité d’arriver à se retrouver dans ce « drôle d’espace-temps », où le poète a la tendance d’utiliser les vannes. Et surtout la capacité de « tenir », à travers l’écriture.

Cette « méthode » annoncée donne ses fruits, quand le poète arrive à écrire un poème comme Il y a, qui, au-delà de sa beauté intrinsèque, et de la lecture au premier degré (lecture littérale), peut être lu – ce qui nous est arrivé – comme une immense métaphore de l’acte de l’écriture (lecture allégorique) : « Il y a / perçant la fenêtre / un rayon de soleil / voire deux trois // une masse lumineuse / se pose sur le bureau / s’ancre sur le bureau / s’ancre et dessine / à la surface / un lotissement dont / on ne sait quel cadastre. // Il y a sans doute une parcelle à louer / une friche à retourner / une part d’ombre à trouver / si la main / joue à l’éclipse. // Mais c’est l’avant-bras qui / comme une écume / s’échoue en roulant / vers ce qui deviendra un appui / une rive un livre // Dans la chaude pièce du bureau / entre / une fragile épaisseur ».

Poème qui invite à être décortiqué plus que nous le faisons ici et dont nous retenons la « fragile épaisseur » comme la caractéristique principale des poèmes d’Emanuel Campo – ou du moins de ceux de ce recueil.

Et sans oublier – sujet à développer à une autre occasion – l’importance de la main dans la poésie d’Emanuel Campo.

Si dans la « vraie » vie le poète peut être un chômeur éternel, il travaille quand même à plein temps à regarder (par la fenêtre) et à écouter : le monde et soi-même.

Résistance, toujours et besoin de rester « sauvage » : « […] Plus bas la ville me cherche un emploi // les écouteurs sur les oreilles / bientôt je le refuserai // ils ne m’auront pas » (p.21).

Et si notre poète accepte un travail, il est toujours en rapport avec l’écriture, comme les ateliers d’écriture.

Persistance de la vie comme elle va – notre demeure. La maison ne peut être qu’un poème, voire une revue de poésie. La vie et la poésie sont inextricables : « Je compte lancer une revue / avec dedans avec dedans / un poème de poésie / et de la vie et de la vie » (p.25).

Poésie et vie. Poésie et amour. Poésie et couple. Poésie et vie conjugale. Poésie et… réussite. Celle de l’écriture même : « Je sors d’un colloque sur l’état de la poésie dans notre région. Lors de la table-ronde Comment construire un projet avec un poète ? je pensais sans cesse à ma meuf. Notre projet de vie commune tient plutôt bien la route. J’aurais dû lui demander une contribution écrite. Elle aurait sûrement éclairé l’assemblée » (p.47).

L’ironie dans beaucoup de poèmes est douce comme la folie douce : « Tu me dis que tu aimes bien la poésie. / en particulier ces courts poèmes japonais / les sudokus » (p.27).

Oui, un vent de folie, mais encore une fois, douce, et dans le bon sens de l’expression, une sorte de dérèglement des sens, traverse les chambres de ce bâtiment, qu’est le poème. Surtout quand on a la conscience – douloureuse, exaspérante – que l’écriture de la poésie ne peut être qu’en deçà (en-dessous ou à côté même) de la poésie : « Putain / des fois souvent / ça sort comme ça / comme un mot de falaise / un cri building / plus haut que la phrase / plus haut que ce qui est dit / ailleurs / dans une autre partie de l’ouïe ». Et donc où la poésie est cet « ailleurs / dans une autre partie de l’ouïe » (p.28).

Mais tout d’abord la poésie d’Emanuel Campo est une question de révolte, de résistance (à la domestication) et de choix de son propre langage : « Ce matin, j’en suis à un point où voilà j’emmerde les syllabes et leurs gants de boxe. Je ne veux plus utiliser les mots dont je n’ai pas choisi la prononciation » (p.29).

Le sauvage en nous est de la nature de « l’inachevé » : « Toujours j’oublie / qu’un inachevé nous traverse » (p.30).

Malgré les apparences – humour, (auto)dérision, détournements et jeux de mots, langage familier, sujets à la portée de chacun (vie et scènes de famille, engueulades, grossesse et enfants en très bas âge dont il faut s’occuper, etc.) – la poésie d’Emanuel Campo caresse souvent le lecteur à rebrousse-poil, elle veut l’énerver, le secouer, le réveiller, le rendre lucide, lui attirer l’attention sur le besoin de s’évader : « Du regard, on s’évade par la fenêtre » (p.43). Et surtout lui dire : « Il n’y a de famille que s’il y a création » (p.55).

L’écriture est exactement comme l’inquiétude d’être parent : exagération.

Dans le poème – anthologique ! – Ce sont de vrais jumeaux ?, à partir d’une expression courante, « des vrais jumeaux », en prenant les mots dans leur sens propre, Emanuel Campo crée une vraie tempête dans nos têtes pour « expliquer » le regard interloqué de son interlocuteur à sa réponse : « Juste un, l’autre est en résine. Mais les deux sont de la même mère ». Voilà cette divagation qui transit le lecteur : « Entre nous : / une lueur apparaît : une source d’énergie grandit : une chaleur : le vent se lève : fort, et embarque : tout sur son passage : la tempête, oui : une tempête éclate et le tonnerre : fait trembler tous les rayons de la supérette : de centaines d’articles volent autour de nous : des éclairs : jaillissent-grillent le caissier en un bip ! » (p.48).

Exagérez, exagérez, quelque chose va rester : la poésie !« 

« Maison. Poésies domestiques » dans CCP (cahier critique de poésie)

Comme on dit, jamais deux sans trois.
Voici une troisième critique consacrée à la réédition revue et augmentée de Maison. Poésies domestiques (éd. la Boucherie littéraire) publiée la semaine dernière dans la revue CCP (cahier critique de poésie). Celle-ci s’attache au sujet phare du recueil, à savoir la filiation et la transmission. L’auteur de l’article, Bertrand Verdier, cite la phrase, selon moi, la plus importante du recueil « Retenez que l’on peut choisir d’où l’on vient. »
Véritable inspecteur des travaux finis ou fouilleur des internets, l’auteur ouvre l’article sur un extrait de texte du spectacle Light Spirit de la compagnie des Lumas dont j’ai écrit certains passages.

Article à retrouver ici sur le site de CCP.

 

« pendant toute cette nuit, ses paroles et ses actions
avaient eu constamment le plus sublime caractère »
Germaine de Staël : Delphine

passionnément aimante je
t’aime1 je t’aime passionnément
je t’ai je t’aime passionné né
Ghérasim Luca : Passionnément

Je t’ai
Je t’aime
Je t’aime plus
Je te l’aime plus
Emanuel Campo : Light Spirit

S’appesantir sur l’étymologie indo-européenne de *domus, confirmerait que ces « poésies domestiques » puissent signifier vers la nécessaire liberté de choix de filiation, par-delà engendrements et transmissions. Le poème inaugural, autopsie, que concluent les vers : « Rien de rien. // Votre fils est moyen » (p. 9), forme en effet symétrie avec le texte conclusif, Vous venez d’avoir trois ans, où l’autopsié, devenu père, prône à sa progéniture : « Retenez que l’on peut choisir d’où l’on vient » (p. 60). Maison de fait constitue un récit2 d’apprentissage, du fils moyen au dominus qui se reconnaît à ses enfants : « un jour j’accepterai que nous n’ayons pas les mêmes ancêtres. / Vous aurez les vôtres à choisir, à renier, à construire » (p. 60).
Ouvrir donc le choix d’où venir.3 Le pas seulement humoristique poème : – Ce sont de vrais jumeaux ?, s’en porte notablement garant en la réponse : « Juste un, l’autre est en résine. Mais les deux sont de la même mère » (p. 48). Cette liberté se nécessite aussi d’antithétiques parents niant un fils devenue femme : « Y a-t-il des parents à ce stade de la pensée / ils ont annulé l’enfant » (p. 53) ; s’ensuit entre le poète et « [s]a meuf », quant à leurs enfants,

« une discussion télépathique.
Tu me dis
j’espère que nous aurons suffisamment de vie
en nous pour accepter leurs choix.
 » (p. 54)

« Suffisamment de vie », c’est-à-dire : ensemble ce qui a lieu dans une « revue de poésie » :

« Je compte lancer une revue
avec dedans avec dedans
un poème de poésie
et de la vie et de la vie » (p. 25)

et ce qu’élabore le domestique vo(ca)tif :

« Ton ventre
respire. Un massage
pour les yeux.

J’ai toute la vie devant toi » (p. 32)

« toi »/« tu », 18 contre-rejets (sur les 73 vers d’Hier soir – p. 37-39) – et un Spasfon – en contresignent la bioticité. La poésie de Maison ainsi s’abreuve a contrario du constat :

« Sans création il y a […]
de la rhétorique plutôt que des mots d’amour
des discours plutôt qu’une histoire. » (p. 55)

Liberté ainsi offerte à chacun.e de venir d’une nuit entre Waldeck-Frankenberg et Villers-Bocage…

Bertrand Verdier

 

« Maison. Poésies domestiques » sur lelitteraire.com

Décidément,
deuxième critique de la semaine (!!!) de mon recueil Maison. Poésies domestiques aux éditions la Boucherie littéraire. Un article à lire ici sur un site que je ne connaissais pas : lelitteraire.com. Merci à l’auteur de se faire l’agent immobilier de ce livre.

Du bio au billot et vice versa

Il n’est pas éton­nant que les Édi­tions de la Bou­che­rie publient un tel livre. Et plus pré­ci­sé­ment dans sa col­lec­tion « Sur le billot » : le texte tranche. Venu ou issu du froid (ce que son nom ne laisse pas pré­voir), l’auteur est franco-suédois et multi-fonctions : il écrit mais est aussi homme de scène. Son livre le prouve : l’auteur, pour jouer dans des vagues de sens et de temps, use de la mise en forme comme méta­phore de mise en scène : police et grain de carac­tère, listes et motifs récur­rents. Le poète y trans­pa­raît. Père, il est aussi enfant de son enfance. Celle où il se bat­tait avec des mots. A l’époque, un « para­doxe alle­mand » était un sup­plice chi­nois. Et cha­cun a connu de tels troubles de la conscience plus que du com­por­te­ment.
Désor­mais, il a décidé de faire le tri dans son lan­gage. Il ne choi­sit que les mots dont il connaît la pro­non­cia­tion et la signi­fi­ca­tion. Ce qui n’est pas tou­jours le cas des poètes – mais ils ne sont pas les seuls : les cri­tiques eux aussi s’emmêlent les pinceaux.

Campo use aussi et sur­tout de l’humour — ce qui est mal vu chez les deux groupes nom­més ci-dessus. L’auteur est du genre à se « perdre dans les trains » et n’aime pas les rails – deux rai­sons d’en vou­loir à la SNCF même en dehors des jours de grève. Mais l’auteur a d’autres buts dans la vie que s’intéresser aux horaires et hor­reurs fer­ro­viaires. Il apprend à sor­tir des tun­nels du sens dans une sac­cade plus de boogie-woogie que bogies (on sait dans l’Ile de France ce qu’elles valent). En un tel mou­ve­ment sonore, ce car­net et cor­ner d’accords de chasse et de désac­cords pro­pose en séquences une suite d’échos, reprises, trous qui creusent la langue.
La trame est sans véri­table chro­no­lo­gie ; se sai­sissent des moments et impasses. Celles-ci pos­sèdent des angles saillants et d’infimes détails qui sondent la pen­sée ou le peu qu’elle est en dépit des efforts de tous les car­té­siens qui décartonnent.

Mais l’équilibre du vivant est là. De guin­gois entre ce qui fut et qui n’est pas encore. C’est sans doute ce qui s’appelle le pré­sent. Il y est — en résumé — ques­tion de tout et du reste entre gra­vité et humour. Et lorsqu’un oli­brius tourne en rond avec un lion à ses basques, l’auteur nous ras­sure : le qui­dam ne craint rien car il a deux tours d’avance sur l’animal.

Jean-Paul Gavard-Perret

« Maison. Poésies domestiques » sur Sitaudis.fr

Plus d’un an après la réédition de mon recueil Maison. Poésies domestiques, le site Sitaudis publie une note de lecture. Merci à l’auteur d’avoir posé son regard, et sur le texte, et sur les éditions la Boucherie littéraire.

L’article entier est à lire ici. Extrait :

Emanuel Campo est un auteur franco suédois, né en 1983 qui vit à Lyon. Il se consacre autant à la page qu’à la scène et travaille avec des musiciens, des metteurs en scène, des poètes en tant qu’auteur, performeur et interprète.

L’auteur dit de ce recueil qu’il est un « flow ». Mais peut-être aussi bien est-ce un fil, un fil tendu entre deux scènes prises sur le vif, deux enfances, celle du « narrateur » et celle de ses jumeaux. Un fil musical avec titres en gras, refrains, listes et motifs récurrents, où il est question du quotidien d’un homme qui devient père, s’interroge sur le sens du monde comme il ne va pas toujours bien, retourne parfois puiser dans son enfance images et anecdotes.

« Quand j’étais petit
Je croyais qu’un paradoxe allemand
C’était un genre de supplice chinois. »

 Ces jeux d’associations enfantines, qui reviennent en leitmotiv, résonnent avec la langue de celui qui, devenu adulte, continue à interroger le lien entre sens et sonorités :

« Ce matin,

j’en suis à un point où voilà j’emmerde les syllabes et leurs gants de boxe. Je ne veux plus utiliser les mots dont je n’ai pas choisi la prononciation. »

 Il y a enfin, dans ce livre réjouissant qui ne manque pas d’humour, quelques épreuves du travail de poète, aussi bien en animateur d’atelier d’écriture, qu’en lecteur blasé ou auditeur endurant qui feront mouche pour celui ou celle qui s’y reconnaîtra.

Sous la partition affutée, sourd une forme d’intranquillité, une réflexion sur les origines, le couple, les liens, la transmission, dans un équilibre fragile qu’il faut chaque jour et chaque ligne tenir, à l’instar de ce fragment :

« Me dis que

L’ordre

Les chiffres bien rangés
l’alphabet tout ça-
a bien des limites

 puisque certaines
personnes arrivent
tout de même à
se perdre dans les trains.

 Comme quoi
tout a beau être
tracé

 on dévie. »

Sarah Kéryna

Sur France 3

Interview et extraits de mon recueil « Maison » (éd. La Boucherie littéraire) dans ce sujet France 3 Auvergne-Rhône-Alpes-Grenoble consacré au festival de poésie Gratte-Monde de la Maison de la poésie Rhône-Alpes.

Merci à Katia Bouchoueva de la Maison poésie Rhône-Alpes et au journaliste Damien Borrelly.

Lien vers la page originale.

5 poèmes et 1 interview dans Terre à Ciel

En juillet, la revue en ligne Terre à ciel avait publié une note de lecture approfondie de mon recueil Maison. Poésies domestiques (éd. la Boucherie littéraire). Aujourd’hui, Terre à ciel récidive en publiant cinq de mes poèmes inédits ainsi qu’une interview à propos de mon parcours, de mes lectures, de poésie… Un format idéal pour se plonger rapidement dans l’univers et le parcours d’un auteur. Donc merci et bravo à l’équipe de Terre à ciel, et spécialement à Roselyne Sibille pour nos échanges, la mise en lien, et à Clara Régy pour ses questions. C’est ici :

« Maison. Poésies domestiques » chroniqué sur le site Terre à ciel

Surprise du jour, bonjour ! Le site/revue Terre à Ciel publie une chronique de mon recueil Maison. Poésies domestiques aux éditions la Boucherie Littéraire. Il s’agit du premier article à propos de ce recueil depuis sa réédition revue et augmentée il y a 6 mois. Une réédition qui présente un texte plus abouti. Cette version restera au catalogue de la maison d’édition. C’est pourquoi je suis très content qu’un nouveau regard soit posé sur ce livre aujourd’hui. Je ne connais pas Franck Merger, l’auteur de l’article, j’espère un jour le rencontrer, qu’il soit ici remercié pour l’article mais aussi pour les mots en latin qu’il vient de m’apprendre en lisant sa chronique. Je remercie aussi Roselyne Sibille de Terre à Ciel, ainsi que l’éditeur Antoine Gallardo qui fait « bien le taf’ de dif' ».

L’ivre de poèmes – Chronique de Franck Merger (juillet 2017)

Emanuel Campo, Maison. Poésies domestiques, Cadenet, La Boucherie littéraire, coll. « Sur le billot », 2016. 12€.

Le poème-maison d’Emanuel Campo

La poésie du quotidien connaît de séduisantes illustrations ici comme ailleurs. Dans le recueil Dans l’année de cet âge (108 poèmes & les proses afférentes), paru chez Champ Vallon en 2001, Stéphane Bouquet saisit ainsi dans de brefs poèmes les instants de sa vie pendant une année – instantanés de sensations, d’impressions, de rencontres, de désirs. Le recueil de Stéphane Bouquet est tissu d’une discrète mélancolie. Plus récemment, Andri Snaer Magnason situe, quant à lui, le cadre des poèmes de son recueil Bónusljóð , paru en bilingue aux Éditions d’en bas, dans un supermarché de la chaîne Bónus – comme l’indique d’ailleurs explicitement le sous-titre du recueil, « Poèmes de supermarché ». Le ton est ici ironique et satirique.
À l’intérieur de la poésie du quotidien, se distingue ce qu’on pourrait appeler la poésie domestique. Le beau recueil de Lætitia Cuvelier – beau comme ensemble poétique, beau comme objet-livre –, paru chez Cheyne en 2015, porte ainsi sur sa couverture le titre Pipi, les dents et au lit. Lætitia Cuvelier présente des moments de sa vie de famille, de sa vie de couple, de sa vie de mère, moments heureux, chaleureux, drolatiques, ou moments tristes, solitaires, colériques. Partout, l’émotion contenue affleure.
La Boucherie littéraire a publié en décembre 2016 une nouvelle édition, revue et augmentée, du recueil d’Emanuel Campo Maison, dont le sous-titre est « Poésies domestiques », justement. On croise dans cette « maison » poétique la compagne et les enfants de l’auteur. On voit le poète chez lui, dans son appartement, menant la vie des couples d’aujourd’hui, avec ses heurts et ses bonheurs ; on le voit avec ses tout jeunes fils, leur donner la béquée ou les habillant.
Ces poèmes domestiques peignent aussi la situation du poète dans la société contemporaine, du moins dans cette partie du monde occidental. Il y a belle lurette que le poète n’est plus chez nous vates, mage ni prophète. Il ne jouit d’aucun statut social particulier ; son essence est celle de tout un chacun. Il est de la même étoffe que les autres hommes et vit parmi eux, comme eux. Le poème liminaire, écho des propos que les professeurs de l’élève Emanuel Campo ont pu tenir à ses parents, donne le la :

Rien de rien.

Votre fils est moyen voilà tout.
(p. 9)

Ludion flottant entre rien et tout, le fils devenu poète affiche son ethos moyen et banal. Cette revendication s’inscrit dans une longue tradition, qui est comme le revers du mythe du poète inspiré. Il y a plusieurs siècles déjà, Du Bellay refusaient d’élever sa voix et de traiter les « hauts arguments » de l’orgueilleux Ronsard.
L’on voit le poète vivre la vie sociale des poètes. Il évoque ainsi les ateliers d’écriture qu’il anime au sein des établissements scolaires, les lectures auxquelles il assiste et celles que lui-même donne, les colloques sur la poésie auxquels il participe, la revue qu’il a envie de créer. Emanuel Campo peint toutes ces circonstances avec humour et légèreté. L’ironie bienveillante, envers les autres et envers lui-même, caractérise d’un bout à l’autre le recueil. Ce n’est pas la moindre de ses séductions.
Le poète vit parmi les hommes, mais se consacre à l’activité un peu marginale dans la société, de la création poétique. C’est là un bon poste d’observation. Emanuel Campo observe à partir de sa position de poïètès, d’artisan des mots, les vies dépourvues de création. Il le dit tout net :

Il n’y a de famille que s’il y a création

C’est là dire aussi que la poésie se niche ailleurs que dans le poème et que le poète, malgré sa banalité sociale, dispose d’un formidable pouvoir pour vivre mieux.
Que son domaine, ce soient les mots, cela lui permet aussi et plus largement de mesurer à quel point ils sont dévalués dans nos sociétés, au bénéfice de la rumeur et du brouhaha. Le propos s’élargit ainsi, passant des saynètes quotidiennes à la vaste scène du monde. La poésie domestique se fait à l’occasion sociale et politique, comme ici, quand le poète évoque la tragédie de la Méditerranée :

Au roi du silence, je gagne assez facilement.

Car il s’agit bien de ça
aujourd’hui même les cadavres
participent au tout-bruit du monde

(p. 17)

Le pouvoir du poète Emanuel Campo s’incarne dans les poèmes de son recueil. Dans ce recueil, pourtant relativement court, se manifeste une grande variété formelle. Les poèmes-listes (« Je compte lancer une revue de poésie », par exemple), dans la tradition des poèmes litaniques, côtoient des poèmes narratifs (« Nous sommes dans la voiture ») ou épigrammatiques (« Tu me dis que tu aimes bien la poésie ») ; le vers généralement libre cède çà et là la place à la prose rythmée. Quelques effets typographiques ludiques apparaissent aussi : la disposition sur la page peut prendre une valeur iconique (p. 21) ou parodique (p. 31 et p. 33).
Le poète est l’artisan des mots. Eugène Guillevic le disait déjà, qui, dans un poème célèbre du recueil Terre à bonheur, comparait le poète à un menuisier. Bien longtemps avant lui déjà, Horace faisait de sa poésie un monumentu maere perennius, un « monument plus durable que le bronze ». Mais c’est sans aucun doute bien plutôt « Le charpentier » de Jacques Réda qu’Emanuel Campo garde à l’esprit. Il lui rend un discret hommage dans deux poèmes de son recueil. Dans « À ma fenêtre » (p. 21) comme dans « Le charpentier », le poète est à sa fenêtre et observe des hommes au travail. Et de même que, dans « Le charpentier », le poète finit par quitter sa « maison légère d’écriture » pour « aller respirer un peu dans la nature », Emanuel Campo clôt le dernier poème de son recueil par ces mots :

Une chose qui nécessite de m’enfuir une ou deux heures
de la maison.

Emanuel Campo s’inscrit donc dans la lignée des poètes constructeurs de bâtiments verbaux. Mais son propos ne se borne pas à des considérations sur le caractère artisanal de la poésie : contre le vacarme vain et insensé du monde, le poème construit une maison de mots où habiter et respirer – où vivre –, à la croisée de chemins esthétiques, éthiques et politiques. La poésie de la maison permet de construire des poèmes-maisons.

Franck Merger.

Maison. Poésies domestiques aux éditions la Boucherie Littéraire est disponible dans toutes les librairies. En rayon ou en commande. Et profitez-en pour feuilleter et acheter les autres livres du catalogue de la Boucherie littéraire. Vous reprendrez bien une tranche, non ?

2 émissions de radio

Ce jeudi 23 mars, j’ai été l’invité de l’émission l’Oreille au poste sur Radio Dijon Campus autour de mon parcours et de mon activité. 45 minutes où nous avons parlé poésie, écriture, langue, musique, répondu à un questionnaire pop déjanté, écouté PapierBruit, lu des extraits de mon recueil Maison. Poésies domestiques aux éditions la Boucherie littéraire et annoncé 45 000 fois ma lecture du dimanche 2 avril à 17 à la librairie La Fleur qui pousse à l’intérieur dans le cadre du festival Éclosion à Dijon. Réécouter l’émission du 23 mars.

Ce dimanche 26 mars, invité cette fois à l’émission BlaBlaMix sur Radio Canut avec mon collègue Julien alias Eskimo J pour parler PapierBruit, passer nos morceaux, répondre aux questions d’une équipe accueillante et sympathique et annoncer notre concert du jeudi 30 mars au Nouveau Théâtre du 8e à Lyon. Réécouter l’émission ici.

Critique de « Maison. Poésies domestiques » dans Texture

Nouvelle critique en ligne de mon recueil paru à la Boucherie Littéraire. Merci à son auteur Michel Baglin qui anime la revue Texture.

Premier recueil de son auteur, ce deuxième titre de la collection Sur le billot de la toute jeune maison d’édition La Boucherie littéraire (voir ci-dessus) sait manier la dérision et l’autodérision : « Tu me dis que tu aimes bien la poésie. / En particulier ces courts poèmes japonais / Les sudokus. »
L’humour y décape et y malmène le conformisme domestique, mais chacun y reconnaîtra un peu de ce qui fait l’ordinaire des jours à la fois boiteux et attachant. Car c’est le quotidien qui est ici caricaturé, moqué et secrètement célébré, entre le biberon du gosse, les SMS, les engueulades, la poubelle et une lecture publique pas très convaincante…
« Tenir / au milieu des formulaires / dans le bruit des machines domestiques / avec l’appréhension du chômeur / en fin de droits / la chaleur ruisselante de ce début d’été / qu’on n’a pas vu venir / qui salement s’est plantée sous les bras / alors qu’on traînait dans l’appart’ / les fringues de la veille / et la coupe du lendemain. »
Emanuel Campo, 32 ans, Français et Suédois, jette volontiers des ponts entre les disciplines, puisqu’il est à la fois poète, musicien, performeur, comédien, etc. Les poèmes qu’il livre – ou lâche dans une « mise à flow » – doivent à ces divers domaines leur énergie, leur rythme, leur qualité de mises en bouche. Ils sont un vrai reflet de notre dérisoire modernité et de « l’inachevé qui nous traverse. »

Le lien vers la critique.
Le lien vers la revue Texture.

« Maison » dans Bing Bang Magazine

En page 84 du n°66 de Bing Bang, magazine gratuit diffusé à Dijon, Beaune et Besançon, la vraie et l’unique Carla Garfield consacre un article sur mon parcours bourguignon et sur mon recueil Maison. Poésies Domestiques. Un grand merci à l’auteure qui suit de près et soutient mon travail depuis plusieurs années déjà. Je pardonne donc au correcteur de ce numéro d’avoir rajouté un « m » à mon prénom. Feuilletez ici en ligne le numéro entier.

Bing Bang Magazine n°66, page 84, printemps 2016.
Bing Bang Magazine n°66, page 84, printemps 2016.

Pendant ce temps sur la Cause littéraire

Le magazine en ligne La Cause littéraire consacre deux articles aux éditions la Boucherie littéraire.

Le premier est un entretien avec mon éditeur Antoine Gallardo, à lire ici. Le second chronique les quatre recueils publiés jusqu’à aujourd’hui dans la collection Sur le billot de la Boucherie littéraire. Voici ce que l’auteur de l’article Philippe Chauché (journaliste à Radio France et chroniqueur à la Cause littéraire) écrit sur mon recueil Maison :

Emanuel Campo ne manque ni d’audace, ni de culot, il écrit comme s’il chantait, et d’ailleurs, il chante. Ses petites poésies résonnent comme des chansonnettes, d’enfance et de son âge, l’une donnant naissance à l’autre, des ritournelles. Ces Poésies domestiques misent sur la collection, la multiplication, la rencontre, la surprise, les mots qui se rencontrent pour la première fois ont souvent l’air surpris. L’auteur, joueur, en joue, s’amuse des phrases reçues et des situations inventées ou supportées, et tout cela fort heureusement n’a aucune incidence sur la rotation de la planète.

Je vous invite à lire ici le reste de l’article consacré aux recueils de mes colocataires d’édition, voire grandes sœurs, Marlène Tissot, Hélène Dassavray et Mireille Disdero.

Coup de projo sur « Maison » par Eric Dejaeger

Le poète Eric Dejaeger publie une note de lecture consacrée à mon recueil Maison – Poésies domestiques (éd. la Boucherie littéraire) sur son excellent blog Court, toujours ! Eric et son compère Paul Guiot sont les tenanciers de la revue Microbe (Belgique), revue dans laquelle j’ai pu aiguiser mes premières lames dans les numéros 80 et 82 entre deux gorgées de Chimay bleue.

« Très intéressante découverte que ce recueil de poèmes qui vont du quasi-aphorisme à deux ou trois pages. Avec quelques excellentes trouvailles. Un régal. » Eric Dejaeger.

L’occasion de rappeler que Maison – Poésies domestiques est commandable dans toute librairie belge et suisse.
Lire la note entière sur son blog avec deux extraits du recueil.

En janvier 2012, dans Rue89Lyon

En janvier 2012, j’étais interviewé par Rue89Lyon. Y’en a du chemin parcouru depuis… Mais c’est marrant de relire les réponses des années après. En bonus, sous l’article, vous pouvez lire 3 vieux textes. L’un extrait de la revue Némésis dont j’animais l’association avec d’autres, les deux autres tirés de « Identité M.C. » mon premier spectacle (2011) écrit, mis en scène, joué, flyé, dossier de commé, mais jamais rejoué.

Lire l’article ici.

Chronique de « Maison » sur Poezibao

Samedi 19 mars.
Nous sommes dans le train en direction de Toulouse pour y donner un concert.
Mon partner me tend son I-Phone.
« Tiens, regarde. »

Sur son fil d’actualité Facebook, je découvre une note de lecture de mon recueil Maison – Poésies domestiques écrite pour le site Poezibao (actualité de la poésie contemporaine) et signée  Jean-Pascal Dubost. De quoi me mettre en joie pour les jours suivants. Un grand merci à lui pour cet article qui témoigne d’une lecture approfondie du recueil.

La Boucherie littéraire est une toute nouvelle maison d’édition de poésie, sise dans le Luberon, qui vient de publier une salve de quatre poètes1, ce qu’il faut saluer, car il n’est pas que des disparitions à déplorer, dans le milieu de la poésie, mais aussi et surtout des créations à soutenir. D’autant saluer, cette généreuse entreprise, qu’elle prend le risque de publier le premier livre d’un jeune poète de 32 ans, Emanuel Campo, Français et Suédois, poète pluri-disciplinaire (performer, interprète, musicien, scène théâtrale, spoken word etc.) Il est entendu que la jeunesse ne fait pas la qualité d’un livre, n’est pas Rimbaud n’importe quel quidam au prétexte d’une jeunesse d’artères. Il se trouve que la jeunesse de ce poète apporte une bouffée d’insolence à la poésie, ce qu’il faut signaler. Les poèmes, contrairement à ce que supposerait le sous-titre, n’appartiennent pas à une poésie du quotidien, au sens d’un relevé des faits du quotidien, sur le mode réaliste et neutre, ou néo-réaliste. Si la poésie d’Emanuel Campo est de quelque lignée, nous pourrions citer Tristan Corbière, Roger Lahu, Richard Brautigan, Charles Bukowski et Ian Monk, sur le registre de l’humour tantôt, à tonalité d’auto-dérision. Titre et sous-titre en eux-mêmes ouvrent la porte sur l’humour, un humour tautologique, pour leur cas, puisque le mot « domestique » est, étymologiquement, domesticus, « de la maison », autrement dit lire : « Maison, poésies de la maison », donc. Petite entrée en la matière d’humour, subtilement. Sur ce registre, Emanuel Campo nous ouvre la porte de sa maison, tantôt en rire jaune (Corbière), tantôt en humour décalé décapant presque absurde (Brautigan et Lahu), tantôt en humour noir (Bukowski), humour cruel quelques fois (Ian Monk). La patte de Campo, la personnalité d’écriture sienne, est l’assimilation des pères et phares qui font la sienne, insolente. Pas de grandes révélations sur le monde, on le sait rapidement, dès le deuxième poème :

« Quand j’étais petit,
je croyais que la bande de Gaza
c’était un groupe de rock. »

C’est affiché et clair, le monde est loin, même s’il est dans tous les gestes quotidiens, il est mis à distance par la dérision la plus totale comme dans le poème « Petit  pot, couches et discussion à propos d’économie », où après avoir effectué un tour de planète en l’espace de quelques gestes de la vie domestique :

« et maintenant mon enfant,
que vas-tu faire de toute cette mondialisation qui arrive aux portes de ta bouche ?
À mon fils de 11 mois de répondre :
― Perso, j’en sais rien. Sûrement tout manger. Pose plutôt la question aux fabricants de couches qui tirent profit de toute cette merde. »

Le sarcasme n’épargne personne, pas même l’interlocutrice des poèmes, compagne fictive ou réelle :

« Tu me dis que tu aimes bien la poésie.
En particulier ces courts poèmes japonais
Les sudokus.

Il y a de tout pour ne pas faire un monde, un macrocosme, du sudoku, donc, mais aussi du MMS, SMS, de la pub pour une revue de poésie, un atelier d’écriture, un flash mob, du streaming, du spasfon, des choses qu’on ne trouve pas a priori dans la poésie des poètes du grand vingtième, choses de la vie quotidienne, choses de la vie ordinaire, qui ne font pas rêver, d’un jeune homme sans illusions sur le monde et qui se rattrape en y mêlant des piments humours.
La poésie, dans son extrême-contemporanéité ambiguë, n’est pas épargnée : « Je viens de rentrer d’une lecture/ça manquait de poil/une lecture organisée par une revue de poésie/ça manquait de poil/c’était marqué PERFORMANCE/ça manquait de poil/alors qu’il s’agissait d’une simple lecture qui/manquait de poil etc. »

La platitude est la rampe de lancement des poèmes afin qu’ils décollent, exercice toujours périlleux, de faire poème avec le plat pays qu’est le quotidien domestique. C’est réussi. On sourit. Le tour de force est réussi quand on sourit où ce n’est pas drôle, comme Pierre Desproges savait nous faire rire jaune avec des choses graves. Parfois, on cherche le drôle pour sourire, et on ne le trouve pas, le poème semble tomber à plat, or ce sont les petites incartades de gravité glissées comme peau de bananes verbales.
Poésie insolente, tonique, qui vous fiche une saine petite claque.

Jean-Pascal Dubost

1 En dehors de l’ouvrage ici recensé :
Hélène Dassavray, On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive
Mireille Disdero, Ecrits sans papiers. Pour la route entre Marrakesh et Marseille
Thomas Vinau, p(H)ommes de terre

Consulter l’article sur le site Poezibao.
En savoir plus sur l’auteur de l’article.

Note d’un lecteur attentif

Mon éditeur a reçu une note de lecture concernant mon recueil Maison. Poésies Domestiques de la part d’un lecteur attentif, Patrick Joquel, que je ne connaissais pas avant de lire ceci :

Des poésies domestiques, alors il en existerait des sauvages, des qui résisteraient à l’apprivoisement, des à capturer au lasso, à piéger, flécher… Entrer dans cette maison, celle qu’habite Emanuel Campo, c’est aller de flèche en flèche : le regard suit un parcours du quotidien. Celui qu’on a tendance à traiter de banal et dont on dit « rien de neuf, tout pareil, jamais rien ne se passe ». Sauf que ce rien est déjà quelque chose. Ce rien signe une vie. Une vie qui marque (infime) la planète. Une vie qui se reproduit. Qui échange. Qui… une vie, nos vies que l’on partage.
Des poèmes au jour le jour qui jettent un regard amusé sur quelques instants, quelques moments, quelques pensées.
Histoire de vivre sérieusement sans se prendre au sérieux.

Patrick Joquel

www.patrick-joquel.com

« Histoire de vivre sérieusement sans se prendre au sérieux » j’aime beaucoup. Merci à vous. Au plaisir d’en parler de vive voix. Le lien vers l’article ici.

 

Nouvelle chronique de mon recueil « Maison »

Nouvelle note de lecture consacrée à mon recueil « Maison. Poésies domestiques » signée Patrice Maltaverne.

« Sous-titré « Poésies domestiques », « Maison » est le premier livre de poèmes publié par Emanuel Campo, aux Editions La Boucherie Littéraire.

En lisant ce recueil, je me suis dit que décidément – et encore heureux ! – la poésie réaliste n’était pas si réaliste que cela.

Avec trois fois rien échappé de la vie de tous les jours, Emanuel Campo parvient à nous faire décoller du sol, je veux dire, à nous faire rejoindre les nuages.

Il y a aussi de la froideur dans ces textes, et pour moi, ce n’est nullement un défaut car, tout de même, la poésie ce n’est pas que de la rigolade.

D’ailleurs, entre rêve, désincarnation et froideur, il peut y avoir certains points communs, non ?

Dans « Maison », ma préférence va plutôt aux poèmes courts, qui échappent au piège de la chute et constituent à mes yeux de vraies énigmes.

L’enfance de l’auteur, comme le premier âge des bébés autour de lui, sont aussi très présents, comme pour ne pas rompre avec cette part de rêve. »

Découvrez dans l’article original 3 extraits ayant retenus l’attention de son auteur.

Un grand MERCI à Patrice Maltaverne de suivre mon travail. Il avait déjà consacré un article sur ma poésie il y a un an, avant même que je sois publié.

Patrice Maltaverne est auteur, lecteur (Poésie chronique ta malle) et éditeur : éditions du Citron gare, responsable de la revue Traction Brabant.

Maison. Poésies domestiques d’Émanuel Campo, collection Sur le billot, éditions la Boucherie littéraire, 60 pages, décembre 2015, 12 €. Disponible en commande dans n’importe quelle librairie de France, Belgique et Suisse.

Poebzine parle de mon recueil « Maison »

Le magazine en ligne Poebzine s’est arrêté sur mon recueil « Maison » et sur les éditions la Boucherie littéraire. Un grand merci à François-Xavier Farine, l’auteur du billet, qui décrit mon livre comme un « un savant mélange de Frédérick Houdaer et de Simon Allonneau ; en d’autres mots comme un bel alliage d’humain et de dérision ».

L’article à lire en ligne ici.

 

Frédérick Houdaer chronique « Maison »

T’as vu ça Lemmy ? Frédérick Houdaer poète, romancier, véritable passeur, directeur de publication de la collection poésie aux éditions le Pédalo ivre, créateur et animateur du cabaret poétique au Périscope de Lyon est désormais promoteur immobilier car il consacre une chronique à ma « Maison », mon premier recueil paru il y a quelques jours aux éditions la Boucherie littéraire.

Merci Frédérick avec un « k » pour ton clin d’œil à Jean-Pierre Georges – découverte majeure pour moi en effet. Il ne me reste plus qu’à me plonger dans la poésie de Raymond Carver…
Je vous invite à vous balader sur la chaîne youtube de Frédérick Houdaer afin de découvrir plein d’idées lectures/achats.

On parle de mon site sur le blog de la revue Traction-brabant

Patrice Maltaverne, poète, revuiste et éditeur parle de mon site sur le blog de la revue Traction-Brabant. Un grand merci à lui.

J’aime bien le site d’Emanuel Campo, intitulé « Etrange Playground ». ça m’a rappelé le titre d’une « chanson » appelée « Violent Playground » du groupe Nitzer Ebb que j’écoute encore de temps à autre.
C’est que dans cette publication, il y a comme un goût de baston à venir, quelque chose qui menace. Les menaces, elles ne sont pas difficiles à trouver. Il suffit d’allumer sa télé le soir et de lire un peu le journal…
L’extrapolation n’est qu’en face B mais elle est nécessaire à mon sens. C’est aussi ce que Grégoire Damon, complice d’Emanuel, appelle la « Débénabarisation du quotidien », projet d’écriture commun.
Dans cet étrange playground vous trouverez également des morceaux de musique, des coups de cœur, notamment pour la poésie de Jason Heroux (que je partage). Bref, pas mal de points communs et surtout beaucoup de textes qui claquent bien et que je vous encourage à aller lire. Pour abaisser la pointe du saphir, c’est ici

Le lien direct de l’article c’est ici. Le blog de la revue Traction-Brabant c’est ici. Les autres blogs de Patrice Maltaverne :