Un texte de Jean Prévost

« Il est étrange que nous manquions presque entièrement de jeunes poètes. Le besoin de poésie me semble aujourd’hui aussi fort que jamais. Toujours l’homme que traverse un sentiment vif a honte des banalités et des bégaiements qu’il improvise. Il a besoin de la poésie pour s’exprimer et pour régler son cœur. Or notre grande poésie, classique, romantique, symboliste, ne vient pas spontanément aux lèvres en de telles occasions : elle est un objet d’étude. Le public n’a pas eu tort de revenir à la chanson. Tandis que le peuple était la proie des chansons médiocres, imitées de l’opérette, un public jeune et lettré revenait à la chanson populaire.

Serait-il impossible d’avoir en France une poésie inspirée par la chanson populaire, sans en être pourtant le centon ni la parodie ? Je le suppose. L’Espagne nous a donné déjà cet exemple. Et c’est pourquoi les poésies populaires espagnoles et les poésies de Federico García Lorca tiennent la place la plus ample parmi mes traductions. En Espagne comme en France, populaire est le contraire de vulgaire ; la poésie populaire est l’amie du mystère, de l’image hasardeuse, de l’extrême brièveté. Nous n’avons pas encore eu de Lorca.

Qui pourra envoyer les jeunes poètes chanter sur les places au jour de marché les vieilles chansons françaises et leurs propres poèmes ? Jouer de très anciennes pièces sous les halles, auprès des leurs ? Qui nous donnera l’équivalent de la Baraque de Lorca ? Je ne vois pas d’autre chemin ouvert à notre poésie. »

Préface de l’Amateur de poèmes de Jean Prévost (1901-1944), 1940.

5 poèmes et 1 interview dans Terre à Ciel

En juillet, la revue en ligne Terre à ciel avait publié une note de lecture approfondie de mon recueil Maison. Poésies domestiques (éd. la Boucherie littéraire). Aujourd’hui, Terre à ciel récidive en publiant cinq de mes poèmes inédits ainsi qu’une interview à propos de mon parcours, de mes lectures, de poésie… Un format idéal pour se plonger rapidement dans l’univers et le parcours d’un auteur. Donc merci et bravo à l’équipe de Terre à ciel, et spécialement à Roselyne Sibille pour nos échanges, la mise en lien, et à Clara Régy pour ses questions. C’est ici :

Retour en images du cabaret poétique du 8 oct 2017

Merci à Frédérick Houdaer de m’avoir invité au Cabaret Poétique du Périscope le 8 octobre dernier. Une formidable occasion de montrer ce qu’on sait faire hors de nos blogs et de nos livres.

Merci à Antoine LnP et Judith pour les photos.

Perrin Langda. Photo : Antoine LnP.
Emanuel Campo. Photo : Antoine LnP.
Laurent Bouisset. Photo : Antoine LnP.
Nicolas Vargas. Photo : Antoine LnP.
Photo : Antoine LnP.
De gauche à droite : Doublure de Perrin Langda par Patrick Dubost, Frédérick Houdaer l’animateur du cabaret poétique du Périscope, Emanuel Campo, Laurent Bouisset, Nicolas Vargas. Photo : Antoine LnP.
De gauche à droite : Doublure de Perrin Langda par Patrick Dubost, Frédérick Houdaer l’animateur du cabaret poétique du Périscope, Emanuel Campo, Laurent Bouisset, Nicolas Vargas. Photo : Judith Wiart.

 

Bonus selflou :

Selflou de gauche à droite : Nicolas Vargas, Perrin Langda, Laurent Bouisset.

Site de Nicolas Vargas
Site de Perrin Langda
Site
de Laurent Bouisset
Site de Frédérick Houdaer, le MC du Cabaret

 

 

 

 

 

 

Revue Métèque n°5 – FRANCE – Parution Octobre 2017

 

Jean-François Dalle, Ministre de la revue, m’a délivré mon permis de séjour pour le n°5 de « Métèque ». Une revue comme on n’en fait pas, mais que lui a fait. Thème : La France. Oui, j’aime la France de cette revue.

Citoyennes et citoyens, ouvrez-lui votre porte, ne fermez pas vos frontières. Vous serez en retard de toute façon.

Achat

Dimanche 8 octobre au Cabaret Poétique de Lyon

Frédérick Houdaer m’invite à ouvrir la saison du cabaret poétique du Périscope (Lyon-Perrache) ce dimanche 8 octobre à 17h en compagnie des poètes Laurent Bouisset, Perrin Langda et Nicolas Vargas. Une bande de types que j’aime lire, dans un lieu décontract.

Bim ! Je lirai une sélection de textes inédits.

L’entrée est gratuite, comme toujours, mais prévoyez quelques sous pour vous offrir un verre (ou un livre d’un de ces auteurs).

Page FB du Cabaret Poétique
Site du Périscope
Site de Nicolas Vargas
Site de Perrin Langda
Site
de Laurent Bouisset
Sith dans Star Wars
Site de Frédérick Houdaer, le MC du Cabaret

Le Périscope

13 Rue Delandine
69002 Lyon
Où c’est ?

N’hésitez pas à franchir la porte.
La poésie, c’est pas grave.

Dix subterfuges, débiles, mais qui marchent à condition de travailler dur.

\UN/ J’ai plié mon billet de dix euros de telle sorte que tu croies que j’en ai deux, posés l’un dans l’autre sur la table.

\DEUX/ J’ai plié ma copine de telle sorte que tu croies que j’en ai deux, allongées l’une sur l’autre comme sur la photo.

\TROIS/ J’ai plié mon meilleur ami de telle sorte que tu croies que j’en ai plusieurs à mes côtés sur la banquette.

\QUATRE/ J’ai plié mon doigt de telle sorte que tu croies que j’arrive à me couper le doigt rien qu’en tirant dessus.

\CINQ/ J’ai plié mon rire de telle sorte que tu croies que je te trouve méga drôle.

\SIX/ J’ai plié le transat d’une telle manière que tu croies que je m’en vais le ranger.

\SEPT/ J’ai plié mon pull de telle sorte que tu croies que je suis un mec soigné.

\HUIT/ J’ai plié mon corps de telle sorte que tu croies que je suis champion de Bourgogne junior de karaté sur poutre.

\INTERLUDE/ J’ai plié mes orteils, comme ça, pour essayer.

\NEUF/ J’ai plié mes pensées d’une telle manière que tu croies que je maîtrise et que j’ai vécu vingt ans dans un temple Shaolin.

\DIX/ J’ai pris une durite et je l’ai pétée. Et tu crois que je pète une durite.

_ _

19/09/17

Il a d’abord pensé écrire un poème sur la charge mentale

Il a d’abord pensé à quelque chose d’inédit
avec des objets.
Mais il s’est dit
que
Alors il a cherché
un sujet à la mode
un sujet confortable
pas tout à fait subversif
qui ne bousculerait pas ses fréquentations

la charge mentale
les baisses des subventions
les ordonnances
la rentrée.

Il y a quelque chose de lourd dans la recherche
d’artificiel. Ne sachant pas
par où commencer
il arbitre
sans jouer.

Autour de lui : la semoule.
Plein-de-semoule-des-grains-de-semoule
et lui
il pédale
pédale
comme un danseur

comme un coiffeur
comme un styliste
comme un cliché
sur un vélo sans selle
la roue voilée.

Et il a crié
crié
pour qu’elle revienne.

Alors elle est revenue
copycat
sans queue ni tête
niaise et vieille comme le monde
un râteau à la main
une carte de fidélité dans l’autre
l’inspiration.

_ _

13/09/2017

« Kanye West » – Karim Madani

« Mais pour l’heure, dans le studio d’enregistrement de LA, Kanye compose des beats pour Beanie, Peedi Crakk […] et les Black Eyed Peas (bien avant l’embauche de la poupée blonde Fergie, avide de mélodies sucrées et de chansonnettes à la guimauve). Kanye ne prend aucun plaisir à ces instrumentaux. Il n’a pas le moral. Il est venu enregistrer plus tôt que prévu parce qu’il sait que Ludacris doit passer au studio. Luda est un MC d’Atlanta qui monte dans les charts, pas loin d’exploser le Billboard, le classement des hit-parades de l’industrie du disque. Kanye adore l’artiste. Et, en effet, Ludacris ne tarde pas à débarquer, accompagné du producteur Red Spyda et d’un DJ, Whoo Kid. Kanye est pris d’une soudaine inspiration. Il va impressionner le Sudiste avec un freestyle. A peine arrivé, Ludacris est interpellé par Kanye. Le visage de West est secoué de rictus, il a presque la bave au lèvres quand il balance son rap étrange, mâtiné de références universitaires (fraternités, notation, bibliothèques et colocation). Ludacris soupire. « J’ai pas le temps pour ces conneries. Je suis venu enregistrer un morceau et je me barre. »
Kanye a les jambes sciées. Luda l’a humilié, en public.
« Et si je te filais un beat ? » demande Kanye, qui repart à la charge.
Il allume la machine et lâche un instru.
Ludacris ne cache même plus son mépris.
« Je crois que je vais prendre un beat de Red Spyda. »
Le producteur ricane ou tchipe, Kanye ne s’en souvient plus très bien, des années plus tard, mais la honte est toujours aussi cuisante. Whoo Kid plante le dernier clou dans le cercueil de Kanye : « On n’a plus besoin de tes services, mec. »
Le trio se barre dans un halo de fumée de Chronic.
Vingt minutes plus tard, les Black Eyed Peas, Beanie et Peedi Crakk le rejoignent. Les blagues cryptiques fusent. Kanye est complètement déprimé. Il tire sur un joint, sans que cela ne le détende. La séance est fastidieuse, poussive et s’éternise. Kanye n’est satisfait ni de son taf ni des prises des artistes. »

Extrait de Kanye West de Karim Madani, page 26, éditions Don Quichotte, 2016. Plus d’infos.

Archive

Me fais plaisir en revoyant cette archive « Tévé ». Une grosse pensée à tous les slameurs, poètes, rappeurs, spectateurs, alcooliques, curieux, habitants, jeunes pousses, aux taxeurs, passants, sobres, musiciens, animaux, artistes, nez cassés, fiévreux, connards, tibias, gentils garçons, gentilles filles, cultureuses, cul-terreux, meilleurs flow de leurs chambres, talentueux mecs relous, paires de baskets, poèmes trop courts, aux partenaires qui ont soutenu intelligemment, aux poètes auto-publiés qui essayaient de nous vendre leur merde, aux artistes frustrés qui n’avaient que ce lieu, aux textes pourris trop longs que je paierai pour réentendre, aux poètes trop bien assis dans leurs livres qui méprisent toujours ce genre de manifestation, aux improvisateurs, à la Klam box, aux problèmes d’ado que certains trentenaires portaient encore avec eux, aux mamies, aux fous rires, aux cuites, à Amar du Saint-Nicolas, aux personnes dont les projets sont partis de là, tous ces faiblards pleins de joie et de puissance qui ont fréquenté la Klam de Casse La Rime et aux puissants remplis de faiblesses qui ne cherchaient qu’à gratter sur le mouvement. Une pensée toute particulière à mes gars Kader (Abdelkader de Bourgogne) et Samy (Sol) de Casse La Rime et à nos coupes de cheveux. J’ai les souvenirs plein de paroles. Il doit bien rester quelques flaques d’écoute sur les trottoirs de la rue Jean-Jacques à D-Town (Dijon).


Casse la rime : scène ouverte de slam à Dijon

« Maison. Poésies domestiques » chroniqué sur le site Terre à ciel

Surprise du jour, bonjour ! Le site/revue Terre à Ciel publie une chronique de mon recueil Maison. Poésies domestiques aux éditions la Boucherie Littéraire. Il s’agit du premier article à propos de ce recueil depuis sa réédition revue et augmentée il y a 6 mois. Une réédition qui présente un texte plus abouti. Cette version restera au catalogue de la maison d’édition. C’est pourquoi je suis très content qu’un nouveau regard soit posé sur ce livre aujourd’hui. Je ne connais pas Franck Merger, l’auteur de l’article, j’espère un jour le rencontrer, qu’il soit ici remercié pour l’article mais aussi pour les mots en latin qu’il vient de m’apprendre en lisant sa chronique. Je remercie aussi Roselyne Sibille de Terre à Ciel, ainsi que l’éditeur Antoine Gallardo qui fait « bien le taf’ de dif' ».

L’ivre de poèmes – Chronique de Franck Merger (juillet 2017)

Emanuel Campo, Maison. Poésies domestiques, Cadenet, La Boucherie littéraire, coll. « Sur le billot », 2016. 12€.

Le poème-maison d’Emanuel Campo

La poésie du quotidien connaît de séduisantes illustrations ici comme ailleurs. Dans le recueil Dans l’année de cet âge (108 poèmes & les proses afférentes), paru chez Champ Vallon en 2001, Stéphane Bouquet saisit ainsi dans de brefs poèmes les instants de sa vie pendant une année – instantanés de sensations, d’impressions, de rencontres, de désirs. Le recueil de Stéphane Bouquet est tissu d’une discrète mélancolie. Plus récemment, Andri Snaer Magnason situe, quant à lui, le cadre des poèmes de son recueil Bónusljóð , paru en bilingue aux Éditions d’en bas, dans un supermarché de la chaîne Bónus – comme l’indique d’ailleurs explicitement le sous-titre du recueil, « Poèmes de supermarché ». Le ton est ici ironique et satirique.
À l’intérieur de la poésie du quotidien, se distingue ce qu’on pourrait appeler la poésie domestique. Le beau recueil de Lætitia Cuvelier – beau comme ensemble poétique, beau comme objet-livre –, paru chez Cheyne en 2015, porte ainsi sur sa couverture le titre Pipi, les dents et au lit. Lætitia Cuvelier présente des moments de sa vie de famille, de sa vie de couple, de sa vie de mère, moments heureux, chaleureux, drolatiques, ou moments tristes, solitaires, colériques. Partout, l’émotion contenue affleure.
La Boucherie littéraire a publié en décembre 2016 une nouvelle édition, revue et augmentée, du recueil d’Emanuel Campo Maison, dont le sous-titre est « Poésies domestiques », justement. On croise dans cette « maison » poétique la compagne et les enfants de l’auteur. On voit le poète chez lui, dans son appartement, menant la vie des couples d’aujourd’hui, avec ses heurts et ses bonheurs ; on le voit avec ses tout jeunes fils, leur donner la béquée ou les habillant.
Ces poèmes domestiques peignent aussi la situation du poète dans la société contemporaine, du moins dans cette partie du monde occidental. Il y a belle lurette que le poète n’est plus chez nous vates, mage ni prophète. Il ne jouit d’aucun statut social particulier ; son essence est celle de tout un chacun. Il est de la même étoffe que les autres hommes et vit parmi eux, comme eux. Le poème liminaire, écho des propos que les professeurs de l’élève Emanuel Campo ont pu tenir à ses parents, donne le la :

Rien de rien.

Votre fils est moyen voilà tout.
(p. 9)

Ludion flottant entre rien et tout, le fils devenu poète affiche son ethos moyen et banal. Cette revendication s’inscrit dans une longue tradition, qui est comme le revers du mythe du poète inspiré. Il y a plusieurs siècles déjà, Du Bellay refusaient d’élever sa voix et de traiter les « hauts arguments » de l’orgueilleux Ronsard.
L’on voit le poète vivre la vie sociale des poètes. Il évoque ainsi les ateliers d’écriture qu’il anime au sein des établissements scolaires, les lectures auxquelles il assiste et celles que lui-même donne, les colloques sur la poésie auxquels il participe, la revue qu’il a envie de créer. Emanuel Campo peint toutes ces circonstances avec humour et légèreté. L’ironie bienveillante, envers les autres et envers lui-même, caractérise d’un bout à l’autre le recueil. Ce n’est pas la moindre de ses séductions.
Le poète vit parmi les hommes, mais se consacre à l’activité un peu marginale dans la société, de la création poétique. C’est là un bon poste d’observation. Emanuel Campo observe à partir de sa position de poïètès, d’artisan des mots, les vies dépourvues de création. Il le dit tout net :

Il n’y a de famille que s’il y a création

C’est là dire aussi que la poésie se niche ailleurs que dans le poème et que le poète, malgré sa banalité sociale, dispose d’un formidable pouvoir pour vivre mieux.
Que son domaine, ce soient les mots, cela lui permet aussi et plus largement de mesurer à quel point ils sont dévalués dans nos sociétés, au bénéfice de la rumeur et du brouhaha. Le propos s’élargit ainsi, passant des saynètes quotidiennes à la vaste scène du monde. La poésie domestique se fait à l’occasion sociale et politique, comme ici, quand le poète évoque la tragédie de la Méditerranée :

Au roi du silence, je gagne assez facilement.

Car il s’agit bien de ça
aujourd’hui même les cadavres
participent au tout-bruit du monde

(p. 17)

Le pouvoir du poète Emanuel Campo s’incarne dans les poèmes de son recueil. Dans ce recueil, pourtant relativement court, se manifeste une grande variété formelle. Les poèmes-listes (« Je compte lancer une revue de poésie », par exemple), dans la tradition des poèmes litaniques, côtoient des poèmes narratifs (« Nous sommes dans la voiture ») ou épigrammatiques (« Tu me dis que tu aimes bien la poésie ») ; le vers généralement libre cède çà et là la place à la prose rythmée. Quelques effets typographiques ludiques apparaissent aussi : la disposition sur la page peut prendre une valeur iconique (p. 21) ou parodique (p. 31 et p. 33).
Le poète est l’artisan des mots. Eugène Guillevic le disait déjà, qui, dans un poème célèbre du recueil Terre à bonheur, comparait le poète à un menuisier. Bien longtemps avant lui déjà, Horace faisait de sa poésie un monumentu maere perennius, un « monument plus durable que le bronze ». Mais c’est sans aucun doute bien plutôt « Le charpentier » de Jacques Réda qu’Emanuel Campo garde à l’esprit. Il lui rend un discret hommage dans deux poèmes de son recueil. Dans « À ma fenêtre » (p. 21) comme dans « Le charpentier », le poète est à sa fenêtre et observe des hommes au travail. Et de même que, dans « Le charpentier », le poète finit par quitter sa « maison légère d’écriture » pour « aller respirer un peu dans la nature », Emanuel Campo clôt le dernier poème de son recueil par ces mots :

Une chose qui nécessite de m’enfuir une ou deux heures
de la maison.

Emanuel Campo s’inscrit donc dans la lignée des poètes constructeurs de bâtiments verbaux. Mais son propos ne se borne pas à des considérations sur le caractère artisanal de la poésie : contre le vacarme vain et insensé du monde, le poème construit une maison de mots où habiter et respirer – où vivre –, à la croisée de chemins esthétiques, éthiques et politiques. La poésie de la maison permet de construire des poèmes-maisons.

Franck Merger.

Maison. Poésies domestiques aux éditions la Boucherie Littéraire est disponible dans toutes les librairies. En rayon ou en commande. Et profitez-en pour feuilleter et acheter les autres livres du catalogue de la Boucherie littéraire. Vous reprendrez bien une tranche, non ?

A propos de la Bande de Gaza…

Les lecteurs de mon recueil Maison. Poésies domestiques (éd. La Boucherie Littéraire) ont lu ce que, enfant, je savais de la Bande de Gaza.

Katia Bouchoueva, poète, copine, grenobloise, russe et grande diseuse/liseuse de poésie a lu samedi dernier des extraits de ce recueil lors de la fête de la librairie Le Baz’Arts des mots à Hauterives (26). A propos cet extrait :

Quand j’étais petit,
je croyais que la Bande de Gaza
c’était un groupe de rock

(Maison. Poésies domestiques, éditions la Boucherie Littéraire.)

voilà ce qu’elle m’apprend sur Facebook : « Je me disais qu’il était quand même temps que je lui dise la vérité : la Bande de Gaza est/était un groupe de punk rock post-soviétique très populaire (1987 – 2000), qui a bercé mon adolescence et dont le titre Touman (Brouillard) continue encore à accompagner souvent mes passages matinales sous la douche. Impossible de le sortir de la tête. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Sektor_Gaza

Nous devrions faire confiance à nos intuitions d’enfant. Ou peut-être aurai-je mené une vie parallèle en Russie.

Lalae Janardanae and Tiwakawaka meet Alma Polaroid in a Blissful Egotrip

Il y a quelques années, j’étais actif au sein de l’association Némésis à Dijon qui éditait durant 10 ans la revue de poésie du même nom et qui organisait des soirées et programmait des artistes au théâtre Mansart. Pour les dix ans de l’association, nous avions invité le duo Alma Polaroïd. Une des meilleures formations spoken word, poésie en musique, que j’ai eu la chance d’entendre sur scène ses dernières années.

Quel plaisir d’entendre à nouveau la voix d’Alma Polaroïd sur un EP commun avec les lyonnais Lalae Janardanae et Tiwakawaka. Trois morceaux sont en ligne et en téléchargement depuis quelques semaines sur leur Bandcamp.

Live Forever

Ça faisait longtemps – ce soir – qu’il n’avait pas écouté
– pris le temps –
(What’s the story?) Morning Glory de Oasis.
Album sorti tout droit de sa pré-adolescence
qu’il avait d’abord découvert sur une compilation.
Ce soir, devant son verre de vin blanc, il se dit
Merde
cette voix
la voix de Liam Gallagher
une flèche triste en pleine gorge
elle te brise un escadron de B-52
comme bon lui semble
elle t’enchaîne au premier souvenir
au premier chagrin qui a le malheur de passer par là
elle suit le sentier du débris
te détruit te recolle instantanément
attise
l’atmosphère d’engueulade qui subsiste encore dans cette cuisine
où, une heure avant l’album joué,
elle claqua la porte.

Liam lui est là
trônant sur la plateforme de streaming
un sceptre comme une chanson dans la main
des verres de vin blanc dans les yeux de celui qui l’écoute.